En complément à l'exposition consacrée à la familles des Métezeau au Musée d'Art et d'Histoire de la ville de Dreux
Suite de l'article que j'avais écrit pour le cahier n°34, année 2016 de la Société des Amis du Musée, des Archives et de la Bibliothèque de Dreux.
CLEMENT II METEZEAU.
Le plus célèbre des architectes de la famille des Métézeau, était le petit fils de Clément 1er. Il prit donc le surnom de Clément II. Clément était le neuvième enfant (sur dix) du second mariage en 1581 de Thibault Métézeau avec Jehanne Bardia. Clément II était plus jeune de 18 ans que son demi-frère, Louis Métézeau, (fils de Françoise Mussard). Des historiens ont même cru qu’il était le fils de Louis. Cet écart d’âge entre Louis et Clément fit qu’ils eurent des carrières similaires mais décalées dans le temps. Louis fut architecte d’Henry IV et Clément de Louis XIII.
Clément fit des études poussées en mathématiques qui lui assurèrent par la suite, une solide réputation d’ingénieur. Il commença à travailler avec son oncle Pierre-Jean au portail sud de l’église Saint Pierre de Dreux. Il rejoignit à Paris son frère Louis dans son appartement du Louvre. Il bénéficia ainsi de l’expérience et des relations de son aîné. Devenu architecte du roi Henri IV, il reçut en 1606 une commande importante de Charles de Gonzague, duc de Nevers, (cousin d’Henri IV) âgé lui aussi de 25 ans. Se souvenant du travail de Louis Métézeau pour la place Royale de Paris, Charles de Gonzague commanda à Clément II la construction dans sa principauté des Ardennes d’une ville nouvelle qui deviendra Charleville.
La Place Ducale de Charleville-Mézières
est le chef d’œuvre majeur de Clément II.
Pour les habitants de Charleville, Clément II Métézeau est le père de leur ville. La maison natale d’Arthur Rimbaud se trouvant tout près de la Place Ducale, Charleville est connue dans le monde entier grâce à Rimbaud et non à son créateur Clément II Métézeau.
Après le décès de son frère Louis en 1615, Clément devint architecte du roi Louis XIII et hérita de la charge de concierge et garde meuble des Tuileries. En plus de cinquante ans de carrière, ses réalisations et participations furent très nombreuses et variées.
La Digue de La Rochelle.
L’histoire ne retint de l’immense œuvre architecturale de Clément Métézeau qu’un ouvrage militaire: celui de la Digue de la Rochelle. Commandée en 1627 par Richelieu et Louis XIII à Clément II Métézeau et à Jean Thiriot, entrepreneur de maçonnerie, cette digue avait pour but de fermer le chenal du port de La Rochelle en interdisant ainsi aux navires anglais de venir ravitailler les habitants protestants et rebelles au roi de France. Laissant l’exécution de la digue à Marcillac d’après leurs plans, Métézeau et Thiriot rentrèrent à Paris et reçurent chacun mille écus. Clément II n’assista donc point à l’édification de cette digue. Les travaux durèrent de novembre 1627 à l’été 1628. Quatre mille ouvriers bien rémunérés furent employés pour réaliser cette digue, faite de bateaux coulés et de buttes maçonnées, longue de mille cinq cents mètres, large de seize mètres, haute de vingt mètres et armée de canons pointés vers le large, afin d’empêcher l’approche des navires anglais.
Lorsque La Rochelle finit par se rendre en octobre 1628, éprouvée par la famine, il ne restait que cinq mille cinq cents survivants sur vingt-huit mille habitants. Un tableau du XIXème siècle au Musée d’Art et d’Histoire de Dreux est censé représenter Richelieu et Métézeau au siège de la Rochelle.
Oublions la digue de La Rochelle, responsable d’un affreux drame humain. Admirons les œuvres encore visibles de
Clément Métézeau, comme la Place Ducale de Charleville. Le portail de l’église Saint Gervais St Protais, à Paris, est considéré comme le chef d’œuvre de style classique. Il fut longtemps attribué à Salomon de Brosse mais la participation de Métezeau est depuis peu établie.
Clément construisit l’Eglise de l’Oratoire du Louvre à Paris. Son frère Paul fut l’un des premiers prêtres de cette église de la congrégation des
Oratoriens. Ce bâtiment est devenu depuis 1811 un temple protestant. La majorité des constructions conçues par Clément Métézeau n’a malheureusement pas survécu au temps et à la Révolution!
Clément II Métézeau, fut honoré par les grands du royaume pour qui il travailla. Grâce à leurs commandes et à de juteuses spéculations foncières dans le nouveau quartier du Faubourg St Honoré, il amassa une fortune considérable. Il n’oublia cependant jamais sa ville natale, revenant souvent à Dreux. Lors de l’épidémie de peste de 1650 qui vit mourir Jean Rotrou, Clément II fit une donation annuelle en faveur des cent pauvres de la ville à distribuer le Jeudi Saint de chaque année. Clément II mourut dans son appartement du Louvre en 1652, à l’âge de 71 ans. De sa femme, jeanne Maillart connue et épousée à Charleville, il eut trois filles. Une fille devint religieuse les deux autres mariées à des hobereaux et richement dotées par leur père.
A Dreux la plus belle place porte un nom générique: celui de la famille des Métézeau.
A Charleville Mézières se situe une petite rue lugubre près de la Place Ducale qui porte le nom de Clément Métézeau. Dans cette petite rue triste aux hauts murs, à la façade austère et au drapeau trois couleurs se dresse la maison d’arrêt de Charleville.
Il aurait été logique que la Place des Vosges prenne le nom de Louis Métézeau et la Place Ducale de Charleville, celui de Clément II Métézeau. Les œuvres encore visibles des Métézeau bien que représentant l’architecture de la Renaissance et de l’époque classique ne font pas uniquement partie des architectures de ce passé. Elles sont aussi contemporaines, vivantes et souvent habitées. Elles font entièrement partie du patrimoine français actuel.
Pierre Fressonnet
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N'OUBLIEZ PAS DE VISITER L'EXPOSITION "Les Métezeau.
Une dynastie d'Architecte de la Renaissance".
Jusqu'au 17 décembre 2019.