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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 07:00

  

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AN PAR AN,
               Chronique d'une jeunesse drouaise
.

J'ai fait le pari de raconter une vie, annèe par année.
La chronique d'une vie drouaise, ou plutôt d'une jeunesse drouaise :
de 1946 à 1967. Chaque semaine, une année.....
J'y raconte mon enfance à Dreux, mais je m'attache surtout à décrire tout ce que j'ai pu observer dans la vie drouaise de l'époque...
Les personnes, les lieux, l'histoire et les petites histoires drouaises, des portraits, des atmosphéres, des anecdotes. , bref, tout ce qui fait le sel d'une vie et fournit la mémoire en souvenirs de toutes sortes..et que peut être certains Drouais reconnaîtront..

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 1 9 5 2 (troisième et dernière partie) 


 

Mi Septembre : le grand changement : je rentre à la grande école.

Cette école Ferdinand Buisson, que l’on nomme dans le quartier « l’école blanche », a été construite en 1937 par notre maire actuel Maurice Violette le radical ancien dirigeant du front populaire  (sur la photo célèbre de la place de la bastille, à coté de Léon Blum qui lève le poing, le petit bonhomme à barbiche et chapeau, c’est lui. Je ne manquerai pas d’en reparler.)

Si l’on nomme cette école « blanche » c’est qu’elle est recouverte en crépi blanc et non pas comme les autres établissements scolaires en pierre ou en brique apparente, comme "Godeau" (école de Garçons) ou "Saint Martin" (Ecole de filles) du centre ville ou Même "Paul Bert" au plateau sud.  Elle n’a pas d’étage. Elle est curieuse, elle a la forme d’un T. Dans la branche de gauche, quatre classes, celles des garçons, dans celle de droite les quatre classes des filles. Dans la barre du milieu qui, elle comporte un étage, la cantine, le bureau du directeur, les douches et en haut, quatre petits appartements pour les instituteurs. Oui, il y a des douches qui permettent aux enfants qui n’ont pas chez eux de vraies commodités de se laver entièrement une fois par semaine. (Et ils sont nombreux. Je suis dans ce cas là, même si j’habite une maison toute neuve, il n’y a bien  une « salle d’eau » mais pas de salle de bain.)

Cette école fut nommée pendant l’occupation « l’école noire. ». Les allemands l’avaient réquisitionnée pour en faire une sorte d’infirmerie hôpital et pour se dissimuler aux regards des avions alliés, l’avaient badigeonnée à la peinture noire..Les enseignants ont du se répartir avec leurs élèves dans différents endroits aux alentours : hangars, ateliers ou granges aménagés de façon sommaire en salle de classe…

Devant cette école se trouve le square Alexandre 1er de Yougoslavie qui comporte en son milieu un bassin d’environ quinze mètres de diamètre et d’une profondeur d’à peine un mètre. Maman me raconte que les jeunes soldats allemands s’y baignaient souvent. Mais ils étaient tout nus. Et les mamans d’alentour éloignaient horrifiées leur progéniture de ce square.

 

Ma première rentrée scolaire se déroule bien. Je vais apprendre à lire et à écrire avec Mme Chauvet. Son mari, est lui aussi instituteur, il s’occupe de la classe de cm1 et des rares élèves qui vont passer l’examen d’entrée en sixième au collège Rotrou. Les autres sont bons pour le certif et le centre d’apprentissage à 14 ans….

Le directeur Monsieur Fauvel qui s’occupe des grands, passant le « certif », est un ancien de la guerre de 1914/18. Il est d’ailleurs Président des anciens combattants Drouais de cette guerre. Mes parents lui vouent  un grand respect teinté d’admiration. J’imagine que mes grands pères s’ils n’avait pas été fauchés par cette terrible « grande guerre » auraient son âge et lui ressembleraient.

 C’est sa dernière année d’enseignant, il partira  à la retraite à la fin de l’année scolaire. Monsieur Fauvel, comme beaucoup a été blessé à plusieurs reprises lors de cette boucherie. Il n’a plus de bras gauche. Il porte une blousse grise et la manche vide se promène ballante le long de son buste. Il vient quelques fois nous faire cours. Quand il écrit de la main droite à la craie sur le tableau noir en nous tournant le dos, la manche libérée fait des moulinets à la cadence des mots qui s’inscrivent en crissant sur le tableau. 

Papa est content. Au premier classement je suis bien placé : quatrième sur trente. Papa me fait tournoyer de joie  sur ses épaules  dans la cuisine.

Eh oui cela sera mon lot toute ma vie : Toujours bien placé, quatrième cinquième voire  sixième mais jamais sur le podium des trois premiers. C’est dommage que l’on ne s’intéresse avec admiration et félicitation qu’au premier, avec un peu de condescendance pour le second et le troisième mais jamais aux deux ou trois suivants. C’est grâce aux talents de ceux là que la performance des premiers peut avoir de la valeur. D’ ailleurs cela me rappelle une histoire que dans mon cas je ne trouve pas drôle….

Un grand père à son petit fils : Une pièce d’un franc si tu es premier, une pièce de 50 centimes si tu es second, une pièce de 20 centime si tu es troisième et mon pied au cul si tu es quatrième ! 

Mais personnellement je ne m’en plains pas cela me permettra quand même de faire des choses sympas dans la vie. 

Je suis dans le grenier avec papa. J’aime bien cet endroit poussiéreux, il y a plein de trucs bizarres que j’aime manipuler, le tuba de papa, cabossé par le bombardement et tout vert de gris, le casque de la guerre 14/18 de mon grand père et plein de bidules indéterminés   

Papa est descendu, je me précipite dans l’escalier et pouff, je glisse,  roulé boulé de marche en marche (y en a 14) Aïe! Aïe !  Mon épaule. Aïe!  Démise l’épaule, mon bras pendouille le long du corps Je suis emmené d’urgence, je ne sais plus, en vélo  ou dans la voiture d’Armand, le voisin .  A l’hôpital ?

Non ! Chez le rebouteux !
Papa et Maman me diront plus tard que les médecins, ils ne savent pas faire.

Me voilà devant la Mère Tricot. Le rebouteux est une rebouteuse. Son aspect n’est pas rassurant, un air de sorcière. Elle me tâte l’épaule, aïe! L’arrose de vinaigre, oui de vinaigre ! Elle me demande comment se suis tombé, je réfléchi pour répondre et crac, elle me retourne complètement l’épaule. Voilà c’est fini.

Pendant longtemps je vais garder une sainte horreur de l’odeur du vinaigre. 

Dans de nombreuses années un médecin me dira que j’ai une épaule plus basse que l’autre et que cela doit poser de problèmes à mon tailleur. 
La mère Tricot aurait-elle mal fait son boulot ? D’ailleurs je m’apercevrai qu’un bon nombre de mes contemporain Drouais ont gardé un souvenir cuisant du vinaigre de la mère Tricot.
 

Un événement marquant en cette année 1952, le roi d’Angleterre est mort, vive le roi, non, vive la reine Elisabeth II.

Long règne à elle,  comme à moi.

A SUIVRE : Jeudi prochain : 1953.
Si vous voulez lire ou relire les chapitres précédents, 
:
A droite de ce texte, dans la rubrique : Catégories. Cliquer sur "le feuilleton".

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commentaires

C
<br /> merci pour ces pages d enfance,je dois avoir 3 ans de plus que vous,et nous avons en communs les rochelles l école blanche PEZé<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> merci pour ces pages qui me rapprochent de mon enfance,nous avpns en commun les rochelles :j ai habité avne jean moulin rue st gilles avant que mes parents fassent construire en face de chez mme<br /> roussel/martin,l ecole blanche moi c etait mme Jalle,Pezé pr les amygdales,Leloup pour ses meringues et timbales en chocolat,le cercle et la poussette de mon frere decorée de glycine,st Brevin<br /> ,habere poche,le blé glané route de nuisement,les balades à vernouillet,le gazier et sa burette ,les chevaux de Salvage qui livrait du vin ,la court de la gare et le ballet des machines à vapeur,j<br /> ai quitté dreux il y a fort longtemps et grace à vous je suis redevenue lespace d un instant cette petite fille taquine et heureuse merci beaucoup<br /> <br /> <br />
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  • Né à Dreux, j'y ai vécu toute mon enfance. Aprés quarante années d'exil à Lutéce, je reviens dans ma bonne ville. J'en observe la vie quotidienne et culturelle et me souviens de son histoire. Pour me joindre: pierlouim@cegetel.net

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