Il y a cent ans jour pour jour, mon grand père, Louis Fressonnet disparaissait à Verdun, fauché par un obus de gros calibre
Photo de Louis Fressonnet pendant son service militaire 1996
Les derniers jours de mon grand-père Louis sont décrits dans un livre écrit par Jean Paul Cabart à paraitre avant la fin du centenaire (2018).
Ce récit, étayé par les souvenirs et documents et photos de ma famille relatent les conditions de cette mort dans les premiers jours de la bataille de Verdun en février 1916.
FRESSONNET LOUIS
Il est né à Dreux le 25 février 1876 et serait disparu le 25 ou 26 février 1916. Il était menuisier, ébéniste rue des Fenots à Dreux
Il est marié à Aimée Morcel depuis le 14 septembre 1901.Elle est couturière.
Il est père d’un garçon, Maurice né le 9 février 1907 (mon papa)
Louis Fressonnet au début de la guerre au 29° Régiment d' Infanterie territoriale (deuxième à gauche) Construction de tranchées à Verdun (au fond à gauche)
En Février 1916 il est dans le secteur de Verdun. Et c’est là qu’il disparait le 25 février 1916,le jour de son quarantième anniversaire, au début de la bataille de Verdun. Son corps n’a jamais été retrouvé. Des objets qu’il portait au moment de sa disparition ont été restitués à sa famille notamment ses plaques d’identification (Mme Fressonnet a reçu ces objets de la Croix Rouge avant l’annonce officielle de la mort de son mari).
Le 101ème Régiment d’Infanterie caserné à Dreux duquel dépendait le 29ème RT déclare « décès constaté le 19 mars 1916 sur champ de bataille à Bois d’Haudremont (Meuse). Le 8 décembre 1920 la Croix de Guerre avec étoile de Bronze lui est décernée.
Circonstances de la disparition de Louis Fressonnet
Les premiers jours de la bataille de Verdun.
Le 21 février 1916 les Allemands attaquent sur un front étroit de 12 kms au nord-est de Verdun. La préparation d’artillerie doit être si intense que « l’ennemi ne doit se sentir en sécurité nulle part » (Général Falkenhayn). L’objectif est de mener une bataille d’usure. L’artillerie doit détruire les défenses françaises qui seront ensuite occupées par l’infanterie. Les premiers jours les défenses françaises s’effondrent, les poilus terrifiés abandonnent leurs positions et se replient vers les forts : Vaux et Douaumont. Le 25 février le Fort de Douaumont, désarmé et occupé par quelques territoriaux, est pris par les allemands.
Entre le 21 et le 27 février les allemands ont progressé de 6 kms, ils doivent encore parcourir 6 kms pour atteindre Verdun mais leur élan offensif est brisé. La défense de Verdun est confiée au Général Castelnau et au Général Pétain.
Que se passe-t-il dans le secteur où se situe la disparition de Louis Fressonnet ?
Le 25 février, dans le secteur du Bois des Fosses –Louvemont Côte du Poivre au nord de Douaumont les troupes en ligne observent d’incessants mouvements d’infiltration ennemie. Ces mouvements joints au bombardement infernal ne leur laissent aucune illusion sur le sort qui les attend.
Vers 11 h l’infanterie allemande se porte à l’attaque vers la côte 344 au sud du Bois des Fosses.
« A 15h (l’ennemi) se porte à l’assaut de toute la ligne Louvemont- bois de la Vauche. Il pénètre dans Louvemont où s’engage une action violente qui se prolonge jusqu’à 16h et s’empare des tranchées avoisinant la route Louvemont-Ornes, de la côte 378, mais ne peut déboucher vers le ravin de la carrière d’Haudraumont tenu par les éléments de la 51ème DI et du 3ème Zouaves »
Les 1er et 3ème bataillons du 2ème tirailleur en charge de la défense du Bois des Fosses et de Louvemont ont perdu 825 officiers, sous officiers, caporaux, tirailleurs.
Le 26 février, les Français tiennent toujours des positions autour du Fort de Douaumont occupé par les Allemands. « Déployés autour de la ferme d’Haudremont les hommes de la 31ème brigade doivent en principe être relevés ce samedi 26 février à 5h du matin mais les éléments de renfort de la 4ème brigade n’arriveront qu’en fin de soirée. Sur l’ensemble de la ligne de front, relèves et replis s’effectuent dans le plus grand désordre ». (Service historique de la défense : les 300 jours de Verdun).
Témoignage de la mort de Louis Fressonnet-Transcription des deux dernières lettres
Récit de la mort de Louis Fressonnet
par un soldat de la 8ème compagnie (celle de Louis Fressonnet) qui a recueilli des témoignages. Lettre adressée à Mme Fressonnet le 26 avril 1916.
« C’était le 26 février, vers 9 h du matin, la Cie se trouvait en avant de la redoute de Douaumont, à 200m environ. Dans un petit bois de bouleau elle se repliait et était massée dans ce petit bois pour se dérober à la vue de l’artillerie ennemie qui bombardait avec fureur la position. Un obus est tombé au milieu de l’escouade de votre pauvre mari et 5 à 6 hommes ont été tués sur le coup mais les témoins que je viens d’entendre m’ont affirmé que ce brave Fressonnet était bien dans le nombre des victimes ; il n’y aurait pas même d’espoir à conserver qu’il aurait été seulement blessé car le caporal Leroy (son caporal) a été très grièvement blessé, les autres avaient cessé de vivre… »
Un autre témoignage dit que les 5 corps ont été mis dans une bâche et laissés sur place.
Le 27 Avril 1916 Mme Fressonnet écrit au 101ème RI « Il m’a été dit que je n’avais plus aucun espoir à conserver sur la disparition de mon mari L. Fressonnet de la 8ème compagnie du 29ème Territorial, qu’il avait été tué le 26 février de l’éclatement d’un obus, ainsi que 4 de ses camarades. »
L’avis de décès est adressé par le 101ème RI au maire de Dreux le 28 juin avec demande de prévenir la famille.
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A SUIVRE, JUSQU'AU 11 NOVEMBRE 1918-2018..
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