LE GRAND CHARLES A DREUX.
19 juin 1965. La gare de Dreux s’est fait proprette ce matin. Repeinte de fonds en combles. Drapeautée en bleu blanc rouge. Elle est toute fière, elle reçoit un hôte de marque.Le maire de Dreux Jean Cauchon, nouvellement élu attend l’écharpe tricolore bien fixée en travers du torse. Ce 19 juin est un samedi et libéré pour le week-end de ma pension versaillaise, j’attends moi aussi mon appareil photo lumière en bandoulière un peu écrasé entre la foule qui agite des petits drapeaux et les barrières de sécurités J’espère faire de jolies photos en noir et blanc.On entend le bruit d’un train qui entre en gare.. Des clameurs, des «Vive de Gaulle » commencent à fuser derrière moi.
Eh oui ! C’est notre général Président qui vient faire un tour dans la citée des Druides.
Une visite minutée intéressée, car Charles de Gaulle est présentement en campagne électorale. Il se représente aux élections présidentielles de novembre. En face de lui Mitterrand. Il fait donc la tournée des popotes pour glaner des voix.
Le voici, venant de Courtalain qui arrive par le couloir réservé à la sortie des voyageurs…
Clic-clac, je prend à la suite l’une de l’autre plusieurs photos. Mais les gorilles qui entourent le Président s’invitent un peu trop sur mes clichés.
Le général donne des poignées de mains mais, juste avec d’arriver à ma hauteur, bifurque pour s’engouffrer dans la DS présidentielles direction la mairie.
A la Mairie Le général déclare: «On m’avait dit le maire chaleureusement très souriant ! Mais ce sont les Drouais qui sont souriants ! »
Le maire Cauchon présente conseillers municipaux et personnalités drouaises dont .M. Leloup, « le meilleur pâtissier de Dreux» dit Jean Cauchon. « Je dirai à Madame de Gaulle de venir ! ».) Puis, fut offert en cadeau au chef de l’état un téléviseur fabriqué à la radiotechnique. Le général aurait conservé ce poste à son usage, offrant celui qu’il possédait à une maison de retraite.
Sur la place Métézeau. : Discours, ovations et Marseillaise.
Une légende : Sur l’estrade dressée par mon père et ses collègues menuisiers de la ville, Jean Cauchon aurait utilisé un petit tabouret pour être à la hauteur du général. La différence de taille avoisinait les trente centimètres. Vu les photos le résultat n’est pas très probant
Puis de Gaulle s’engouffre dans une des DS direction Ecluzelles, Nogent le Roi et Chartres Mon père n’est pas descendu en ville voir le général. Il a été vexé d’avoir du monter l’estrade de la place Métézeau sous le regard très suspicieux de gendarmes. Mais surtout il n’a pas supporté la venue à la maison de policiers en civil qui l’ont averti qu’il serait responsable si du fond de son jardin route de Nogent (Future av Kennedy) quelqu’un faisait quoi que ce soit contre le général. Notre jardin surplombe de prés de trois mètres la route empruntée par le cortège présidentiel.
Pile six mois après sa visite à Dreux le 19 décembre 1965 le Général de Gaulle sera réélu Président de la République après un ballottage serré avec François Mitterrand.
Moi je n’ai pas pu voter car je n’avais pas encore 21 ans à l’époque .Giscard abaissera l’âge du droit de vote à 18 ans, neuf ans plus tard en 1974.
Ce même jour, le 19 juin 1965, un coup d’état en Algérie : Boumedienne renverse Ben Bella