-Six jours après Paris, le lundi 20 juillet 1789, l’insurrection éclata à Dreux au milieu du marché. Les paysans que les journaux n’avaient pas encore atteints apprirent ce jour-là seulement les événements de la Bastille. Ils les commentèrent avec passion. Des «gens sans aveu» venus d’on ne sait où, parcoururent les groupes et les excitèrent, un peu comme actuellement, ces éléments incontrôlés semant la violence à la fin d’un défilé pacifique.
-Brusquement, ce fut l’émeute qui se dirigea menaçante vers la maison des Aides. Cette maison que l’on appellerait aujourd’hui «recette des impôts indirects» abritait le receveur des aides qui prélevait les taxes sur les vins et le blé: des impôts très impopulaires considérés comme fortement injustes.
Les Parisiens venaient de prendre et de détruire une prison, la Bastille. Les Drouais eux, s’attaquèrent à ce qu’ils détestaient le plus, symbolisant l’autorité royale dans leur ville: la maison des Aides, située dans l’actuelle place Métezeau, face au cimetière entourant l’église St Pierre.
-La maison des aides fut pillée, tous les papiers brulés et le bâtiment entièrement incendié.
Jeanson, le receveur et sa famille eurent à peine le temps de s’enfuir et de se cacher dans l’église St Pierre, dissimulés dans les grandes orgues. Les vignerons drouais, s’ils approuvaient le pillage et la destruction des feuilles d’imposition, furent dépassés par ces évènements. Les autorités municipales (dont le maire Portier) furent étrangement absentes. Quand enfin les chasseurs du roi réagirent, il était trop tard. Les émeutiers avaient disparu comme par enchantement, ne laissant derrière eux que des décombres fumants.
-Dreux venait d’entrer de plain pied dans la période troublée de la Révolution.