AN PAR AN, Chronique
d'une jeunesse drouaise.
J'ai fait le pari de raconter une vie, annèe par année. La chronique d'une vie drouaise, ou plutôt
d'une jeunesse drouaise :de 1946 à 1967. Chaque semaine, une année.....
J'y raconte mon enfance à Dreux, mais je m'attache surtout à décrire tout ce que j'ai pu observer dans la vie drouaise de l'époque...
Les personnes, les lieux, l'histoire et les petites histoires drouaises, des portraits, des atmosphéres, des anecdotes. , bref, tout ce qui fait le sel d'une vie et fournit la mémoire
en souvenirs de toutes sortes..et que peut être certains Drouais reconnaîtront..
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1 9 5 7-(Première partie)
Pour moi une année heureuse. 11 ans.
Mais pour mes parents l’année 1957 s’avère être une année difficile.
Papa perd la même années ses deux oncles, Victor le frère de son père et Maurice le frère de sa mère. Je le vois prendre le train pour Paris, à l’enterrement de l’oncle Victor, un large bandeau noir agrafé par maman autour de la manche gauche de son pardessus. Il emmène aussi une énorme couronne de fleurs. Trimballer cela dans le métro cela va être peu pratique. Maman et moi restons à Dreux.
Quelques mois aprés, papa parti seul à l'enterrement de l’oncle Maurice au Puiset tout à fait au sud de
notre département l’Eure et loir, revient avec une petite pendule.
C’est la seule chose que Papa a pu conserver comme souvenir de son oncle. Cette pendule restera longtemps sur la cheminée, mais je ne l’ai jamais vu fonctionner ni entendu
sonner.
J’ai rencontré deux ou trois fois l’oncle Victor mais jamais l’oncle Maurice. De Victor j’ai souvenir d’un vieil homme sévère critiquant mes parents
de me laisser aussi turbulent. Papa me dit que l’oncle Maurice était aussi très dur pour lui, lui qui n’avait plus de papa.
J’ai l’impression que les anciens étaient beaucoup plus intransigeants et sévères vis à vis des jeunes que maintenant.
Les jeunes leur devaient le respect et n’avaient pas le droit à la parole.
Pour Maman ce n’est pas non plus une bonne année : La quincaillerie GOVIN dans laquelle elle travaille depuis vingt ans ferme ses portes. Maman se retrouve donc sans emploi. Elle se voit contrainte à « pointer » régulièrement au Bureau de chômage. Je l’y accompagne quelque fois. Il s’agit en fait d’une espèce de baraquement un peu isolé place du vieux pré, au bord de la rivière.
Maman, n’aime pas y aller, elle a un peu honte. Mais surtout cette baraque est souvent entourée de « gars de batteries » ces hommes à demi clochards, itinérants qui se louent à la
journée ou à la semaine dans les fermes pour, entre autre, assurer le battage des grains après la moisson. Maman souffre d’être obligée de faire la queue pour pointer avec ces hommes souvent
sales et avinés…
Mais elle ne restera pas très longtemps au chômage. Elle trouve au bout de trois ou quatre semaines un travail de dactylo comptable dans une affaire de vente de matériel agricole.
Le patron de cette petite entreprise est un homme tout à fait à part. il est peu présent dans son établissement.
En fait, il s’agit du peintre René BELLANGER, très connu à Dreux. Il a rencontré un certain
nombre de peintres comme VlAMINCK ou MONTEZIN qui lui ont été de grand conseil pour la peinture.
Papa
jeune apprenti chez l’ébéniste sculpteur CADIO a bien connu le peintre Pierre Eugène MONTEZIN à la fin des années vingt. Quand le peintre venait pour un séjour de quelques semaines
à Dreux il habitait chez Monsieur CADIO. Papa allait le chercher à la gare, au train de Paris avec une voiture à bras pour transporter bagages, toiles et peintures. Papa encadrait certains des
tableaux réalisés dans la région drouaise sous les conseils directs de MONTEZIN.
Quand MONTEZIN repartait c’est aussi Papa qui l’accompagnait à la gare avec les bagages et les toiles peintes…
Le peintre n’était pas avare en pourboires...
Pour en revenir au peintre BELLANGER, il se promène dans la région drouaise avec une voiture sans âge et au modèle incertain, branque ballante. Elle lui sert d’atelier mobile. Il nous arrive, en nous promenant dans la campagne, de rencontrer ce véhicule maculé de peintures de toutes les couleurs, arrêté un peu n’importe comment au travers d’un chemin creux. Et Monsieur BELLANGER, pas loin, sous un parasol, peint l’église du village proche.
Un jour de mai, Mr BELLANGER vient à la maison, je ne sais pourquoi. Il fait quelques pas dans le jardin. Il tombe en arrêt devant les lilas et les cerisiers en fleurs. C’est vrai
que c’est très joli, très pictural, ce déferlement de blancheur.
« Que c’est intéressant, dit Mr Bellanger, il faut à tout prix, que je revienne peindre cela, il y a de très beaux tableaux à faire !! ».
Malheureusement, il n’est jamais revenu peindre notre jardin. Les lilas ont défleuri sans lui. C’est dommage, nos beaux arbres auraient été ainsi immortalisés par ce peintre connu et reconnu, même en Amérique…..
A SUIVRE : Jeudi prochain : 1957
(seconde partie).
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