C’était une opération modèle. La première relocalisation aidée par l’Etat. Pour les élus de tous bords, quel meilleur exemple de volontarisme économique que la fonderie Loiselet ? En 2013, cette PME centenaire avait fermé son usine chinoise et rapatrié sa production de plaques et de poids en fonte en France grâce au soutien des pouvoirs publics. De quoi faire renaître l’industrie lourde dans une friche de Dreux (Eure-et-Loir) et recréer près de cent emplois.
« Ces entreprises-là, on leur donne des médailles ! », s’était exclamé Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, venu sur place célébrer cette résurrection. À ses yeux, Loiselet le prouvait : « Après la fuite des usines vers le reste du monde, sonne l’heure de leur retour sur le sol national. » Un mouvement « minoritaire certes, mais prometteur ».
En réalité, l’usine de Dreux n’a pas tenu longtemps. En décembre 2013, six mois seulement après la visite ministérielle, la fonderie exemplaire faisait faillite. En juin 2014, elle était reprise à la barre du tribunal de commerce par trois hommes d’affaires algériens bien décidés à la relancer. Mais ceux-ci ont de nouveau déposé le bilan durant l’été. Le 27 août, le tribunal de Chartres a prononcé la liquidation judiciaire de l’ex-fonderie Loiselet. Tout le personnel, soit 65 personnes, vient d’être licencié. Cette fois-ci, il n’y aura probablement aucun repreneur. Les machines presque neuves acquises avec l’argent public vont être vendues à l’encan.
De quoi donner à réfléchir aux participants des premières.
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