Article paru dans l'"Echo Républicain" du 29 mars 2019.
Le dessinateur Bernard Chenez de retour à Dreux
a m'amuse de regarder dans le rétroviseur. Je ne suis pas nostalgique, je continue ma route, je regarde devant moi". Photo : David
On connait la carrière prolifique du dessinateur de presse qui a connu la notoriété avec ses caricatures dans L'Equipe, Le Monde, à L'Equipe TV ou sur Canal +. Plus méconnue, son adolescence à Dreux est dévoilée dans son ouvrage, Les mains dans les poches, qu'il dédicacera samedi 30 mars, à La Rose des Vents.
Passe-t-on facilement du crayon pour dessiner à la plume pour écrire ? C'est une prolongation de mon travail. J'ai longtemps dessiné des formes avec un crayon. Aujourd'hui, je dessine avec des lettres. Ce sont toujours des images. Mon roman est très visuel, j'écris des dessins. Le dessin de presse vous oblige à une certaine rapidité en raison du bouclage. Cette contrainte m'a toujours plu. Dans l'écriture, la notion de temps est totalement différente. Moi, j'écris des séquences courtes qui sont, en fait, des images. Avec l'écriture, j'avais besoin d'aller plus loin, n'ayant pas de limite dans le temps.
Pourquoi Dreux tient-elle une place de choix dans votre roman sur votre jeunesse, Les mains dans les poches ?
Mes parents tenaient un magasin de vêtements (Rivoly), 20 Grande-Rue Maurice-Viollette. J'y ai passé toute mon enfance et mon adolescence. Cela a représenté un lieu important de ma vie. J'ai appris beaucoup de choses, l'essence même de la vie.
Que retenez-vous de vos années drouaises ?
Le fait de vivre son adolescence avec la rencontre de ses premières amours, ses premiers moments de liberté. A l'époque, Dreux était une petite ville de province avec exclusivement le centre-ville. Après la ligne de chemin de fer, c'étaient les champs de blés et quelques petites cités. Les Bâtes, c'était déjà la campagne.
."A Dreux, une vie en mode Guerre des boutons"
Aviez-vous déjà un intérêt pour le dessin ?
En tant que scout laïc, il m'arrivait de dessiner. J'aimais çà mais je ne pensais pas du tout en faire mon métier. C'était surtout l'époque où je découvrais tout : l'amour, l'indépendance avec le vélo, les flirts, etc. A Dreux, j'étais proche d'une vie ressemblant à celle de La guerre des boutons. On était très loin de Paris, il n'y avait pas de routes à quatre voies nous reliant avec la capitale.
Votre séance de dédicaces revêtira un caractère affectif.
J'ai bien connu La Rose des vents que j'ai vu naître. Elle était, à l'époque, à l'angle des rues Rotrou et Saint-Pierre. Pour mes camarades et moi-même, La Rose des vents était le centre culturel de Dreux. On y allait pour écouter Brassens, Léo Ferré, de la musique classique. Je passais là un moment de rêve qui me permettait d'accéder à la culture. Dans mon livre, je parle aussi de la librairie Lalance qui était face à La Rose des vents. C'est là que j'achetais tous mes Tintin.