AN PAR AN, Chronique d'une jeunesse drouaise.
J'ai fait le pari de raconter une vie, annèe par année. La chronique d'une
vie drouaise, ou plutôt d'une jeunesse drouaise :de 1946 à 1967. Chaque semaine, une année.....
J'y raconte mon enfance à Dreux, mais je m'attache surtout à décrire tout ce que j'ai pu observer dans la vie drouaise de l'époque...
Les personnes, les lieux, l'histoire et les petites histoires drouaises, des portraits, des atmosphéres, des anecdotes. , bref, tout ce qui fait le sel d'une vie et fournit la mémoire
en souvenirs de toutes sortes..et que peut être certains Drouais reconnaîtront..
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1 9 5 8-(Deuxième partie)
Bon, revenons à notre jardin.
Il y a peu près tout ce que le climat drouais permet de faire pousser. D’abord beaucoup d’arbres : pommiers, cerisiers, poiriers, pruniers (quetsche), pêcher, noisetier et même quelque pieds de vignes, restes de l’ancien vignoble de Rieuville. C’est vrai que Dreux fut pendant de nombreux siècles une ville viticole. Mon arrière arrière grand père, tonnelier s’était marié avec une fille de vigneron en 1840.
Nous profitons aussi de l’ombre et des noix de l’énorme noyer du voisin dont beaucoup de branches surplombent notre jardin.
Papa plante un peu de tout, un peu au bonheur la chance. Toutes les graines de la boîte y passent, ça pousse comme cela peut : De bonnes réussites : les haricots verts, les tomates, les artichauts, choux, de moins bonnes récoltes en pommes de terre, (il y a encore de temps en temps des doryphores, des bêtes si malfaisantes que certains désignaient les Allemands pendant l’occupation comme des doryphores). Pas d’asperges car trop de cailloux dans ces anciens vignobles. D’ailleurs plusieurs endroits des alentours de Dreux portent le nom de «Murger», c'est-à-dire là où les vignerons déposaient en tas les pierres indésirables.
Bref nous sommes presque autonomes en fruits et légumes.
Mais nous élevons aussi des poules et des lapins. Michel, mon parrain, fermier à Abondant, nous approvisionne en jeunes animaux. Nous
allons chercher les grains et l’avoine à la ferme de la famille GABENOT à Rieuville. . L’herbe arrachée dans le jardin et les épluchures de la
cuisine constituent le complément de nourriture pour ces bestioles..
Maman tous les matins avant de partir travailler nourrit sa vingtaine de poules et sa bonne dizaine de lapins.
Deux ou trois dimanches par mois nous mangeons une poule ou un lapin de notre élevage. C’est papa qui se charge de les tuer. Les poules cela ne lui fait rien, sauf que ce n’est pas toujours facile d’en attraper une, mais tuer un lapin, il n’aime pas. Il en saisit un par les oreilles, attention ça griffe un lapin. Il le pend par les pattes, la tête en bas, l’étrangle, arrache l’œil et recueille le sang qui gicle de l’orbite dans un bol. C’est barbare, mais faut bien. Après il faut dépouiller le lapin. Papa retourne la peau et la tend autour d’une tige en fer et la garnit de paille Je regarde l’opération avec intérêt car papa me donne ces peaux de la pin pour que je les fasse sécher en les accrochant au plafond du grenier de l’atelier.
Tous les deux mois environ, un monsieur passe à la maison, c’est le marchand de peaux de lapin. Il est en vélo. Il y a des dizaines de peaux sur son porte bagage ou accrochées à son guidon, pendantes le longs des roues. Je lui vends les peaux que j’ai en
stock. Il faut que ces peaux soient belles, sans vers, ni taches, sinon elles sont refusées. Les fourrures blanches sont plus chères que les autres. Je me constitue ainsi une petite cagnotte pour
acheter des confiseries au aller au cinéma. Quand je pense que les peaux de lapins que je vends vont être transformées en manteaux de fourrure portés par de belles dames, cela me fait
rêver….
Les lapins ainsi tués par papa vont être cuisinés de façon immuable par maman : les pattes avant et le torse vont être cuits dans le sang récupéré dans le bol. Un civet de lapin en quelque sorte. L’arrière du lapin va être rôti au four. Les lapins de maman gros et gras nous font ainsi au moins deux repas forts différents. Ce lapin au sang restera un de mes meilleurs souvenirs culinaires d’enfance. Je n’aurai plus l’occasion dans l’avenir d’en déguster d’aussi bons. (Ni même d’en retrouver la recette)
Avec l’argent récupéré de
la vente des peaux de lapin je vais au cinéma.
Au cinéma Eden j’ai vu le pont de la rivière Kwaî. J’ai tellement aimé que je l’ai vu trois fois.
En allant à l’école zigzaguant sur mon vélo bleu, je chante à tue tête et je siffle la chanson du film (traduite en Français pour Annie Cordy):
« …Hello le soleil brille brille brille
-Hello tu reviendras bientôt
-Là-bas dans ton village
-Au vert cottage
-Plein de chants d'oiseaux »
Si vous désirez écouter cette chanson interprétée par Annie CORDY, cliquez sur le cadre ci-dessous :
A SUIVRE : Jeudi prochain : 1958 (troisième partie).
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